Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CARPE DIEM
Archives
4 octobre 2005

Dédales...

tourbillon1    Voici un texte que j'ai découvert sur le blog de Larbi. Un texte signé Bahâa Trabelsi (écrivaine marocaine). J'ai voulu le retranscrire ici parceque c'est un de ces textes qui ne se lisent pas uniquement avec les yeux, mais avec le coeur...

"Je n’ai plus de mémoire. Je ne veux plus en avoir. Même si les souvenirs sont là. Brûlants.

C’est mon histoire. Personne n’a le droit de la travestir. L’engloutir, m’en graver pour mieux la dégueuler. Les événements, les lieux, les personnes s’emmêlent dans ma tête créant un immense espace surpeuplé et confus.

Le tournage n’a pas encore commencé. Je ne trouve plus le scénario. Où plutôt j’hésite entre plusieurs. Je le sais, cela vient du personnage principal. Trop complexe. La réalité – il doit bien y en avoir une – est noire, puante et ensanglantée. Pourtant la vodka n’a pas d’odeur. L’ivresse est sans couleur. Sauf le rouge de la violence.

Le gamin qui était en moi avait peint le tout en rose. Il est mort. Dans ma détresse, il m’arrive de le réclamer. Image de cauchemar. Charogne d’enfant mutilée par l’amertume. Pour qu’il renaisse, il faudrait lire sur l’écran de mes souvenirs : « the end. »

J’ai envie de rire. Hystérique ! Mon reflet dans le miroir me toise. Il ne m’aime pas. Dormir ! Oublier ! Glisser ma tête sur l’oreiller avec la vision de l’absence à mes côtés. Moments de vie à vide. Pourquoi ce besoin de l’autre ? Une caresse, un baiser, quelque chose dans le geste, la voix. Et l’on se pense vivant. L’esclavage a dû naître comme ça, dans l’interprétation erronée….

La vie devient lente. Je me sens vieux. Mes yeux se ferment et mon cœur ne veut pas s’arrêter de battre. Le psy m’a regardé. Il attendait.
« Je suis bien. » lui ai-je dit.
Et je suis parti.

Comme c’est bon de mentir ! Il y a quelque chose de fiévreux dans le mensonge. On se recrée. J’aurai voulu être un petit garçon avec des envies de rire à gorge déployée et des pleurs d’enfant gâté. Ces derniers temps je ne m’entends plus pleurer. Ni regret ni rage ni joie. Le froid."

 Bahâa Trabelsi
(source: www.larbi.org)
  

Publicité
Commentaires
H
As-tu déjà lu ses romans "Une Femme tout simplement"ou "Une vie à trois"? Bahàa est malheureusement parmi ces journalistes-écrivaines qui militent pr être lues dans une société où la lecture n'est pas une habitude...
CARPE DIEM
  • "Je m'en allai dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte. Je voulais vivre intensément...Mettre en déroute tout ce qui n'était pas la vie, pour ne pas découvrir, à l'heure de ma mort, que je n'avais pas vécu." H.D.THOREAU
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité