"Le Noeud de vipères" by François Mauriac
J’ai découvert François Mauriac grâce à ce roman et l’histoire m’a littéralement subjuguée par ce bouillonnement de haine, de rancoeurs et de solitude. C’est vrai qu’au premier abord, l’histoire peut paraître banale, mais très vite, le lecteur est entraîné au cœur d’une famille déchirée.
Louis, vieillard prisonnier de son avarice, n’a pour seule raison de vivre que de haïr et se faire haïr. Et pourtant, au fil de sa confession, on découvre que cet homme est méconnu des siens. Les uns et les autres n’ont tout simplement jamais cherché à se connaître eux-mêmes et se sont laissés enfermés dans les appréciations des autres. Il se peut que l’on soit choqué par cette incompréhension et de manque d’amour, mais c’est aussi cela qui nous pousse à avancer dans le récit. Et petit à petit, alors qu’on le haïssait un peu au début, on est pris de sympathie pour ce pauvre vieillard en espérant qu’à l’heure de la mort, il ne sera pas seul.
Ce roman est de ceux qui se lisent d’une traite, et pour cause, le fond aussi bien que la forme sont splendides. Je pense que ce qui est bien avec Mauriac, c’est que le style est précis, rien n’est écrit pour faire beau. Il a aussi opté pour la voix narrative et le Je, ce qui nous implique davantage dans le récit et nous rapproche des personnages. De plus, la forme du journal intime (et des deux lettres à la fin) ajoute du réalisme à l’histoire. Et Mauriac a tellement bien décrit les sentiments de ses personnages qu’à certains moments, je me suis demandée si c’était vraiment de la fiction. Autre point fort : le suspense. A la fin, Mauriac laisse planer le doute (il a interrompu la confession de Louis au moment crucial). La vérité est constamment masquée.
Pour finir, je dirai que Le Nœud de vipères est un chef-d’œuvre dans lequel François Mauriac nous démontre que le regard des autres ne peut en aucun cas faire le tour d’une identité ou prétendre la connaître entièrement.